La Coordination française pour le droit d’asile s’associe au rassemblement organisé le 20 décembre, Place du Palais Royal pour dénoncer les conditions d’accueil des demandeurs d’asile.
Que cela soit à Beauvais, à Bordeaux, à Calais, à Grenoble, à Nantes, à Nice ou en Ile-de-France, des demandeurs d’asile sont contraints de dormir dehors ou de squatter des bâtiments inoccupés, en dépit des obligations de la France de leur garantir des conditions d’accueil décentes. La suggestion d’une récente ordonnance du Conseil d’Etat de prévoir un hébergement sous la forme de tentes, ne résout en rien une crise de l’accueil des demandeurs d’asile, qui s’amplifie depuis deux ans et qui a plusieurs causes :
- une hausse prévisible des demandes d’asile (+ 12 % par rapport à 2009).
- un dispositif d’accueil engorgé dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) et près de 13 000 personnes en attente d’une admission ;
- une régionalisation de l’admission au séjour, sans moyens supplémentaires dans les préfectures concernées, qui a abouti à multiplier les obstacles pour faire enregistrer la demande d’asile (numerus clausus, exigences illégales, délais de plusieurs semaines pour faire enregistrer la demande, absence d’association de domiciliation [1]) ;
- une complexification du dispositif de premier accueil, avec le remplacement de plates-formes départementales d’accueil par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) ou des plates-formes régionales d’accueil dont les missions d’accompagnement sont restreintes à un enregistrement dans le logiciel dn@ et à une orientation vers des associations caritatives ou le 115 pour l’hébergement d’urgence.
Pour remettre sur ses pieds le dispositif d’accueil, la CFDA rappelle ses recommandations :
- L’autonomie des demandeurs d’asile doit être garantie pendant la procédure : le droit au travail doit être réel et l’accès à la formation professionnelle et à l’apprentissage de la langue doit être immédiat. Cet accès au travail permettrait aux demandeurs d’asile de retrouver une dignité et de faciliter leur insertion, quelle que soit l’issue de leur procédure.
- A défaut, les aides financières doivent être versées dès la première démarche de demande d’asile et pendant toute la procédure et être d’un niveau permettant de vivre dignement (au moins équivalentes au RSA avec prise en compte de la composition familiale et du mode d’hébergement).
- Le système français d’hébergement pour les demandeurs d’asile, caractérisé par la liberté de choix du mode d’hébergement (soit individuel, soit collectif en CADA), doit être rétabli. Pour que ce choix soit possible, il est nécessaire de créer rapidement de nouvelles places de CADA afin de loger ceux qui en ont cruellement besoin.